Chers députés, je vous écris ce courrier pour vous exprimer ma frustration. Une frustration qui s’explique par le constat que l’égalité de sexe promise par cette si belle société française ne reste juste qu’une utopie.
En effet, des combats sont menés pour rendre réellement effectif l’égalité homme-femme. Je pense notamment au plus médiatisé qui est le combat contre la différence de salaire entre les deux sexes. Ce combat est noble, même si l’on oublie de dire que les femmes noires sont les plus désavantagées. La différence de salaire ne devrait néanmoins pas être le seul combat pour l’égalité des sexes à être médiatisé.
Je viens d’être père. J’ai eu cette joie immense de tenir mon fils dans les bras. Mais, j’ai vu ma femme, cette héroïne, surmonter les difficultés de la grossesse. Je l’ai vue surmonter à ce moment, la fatigue, la douleur et le stress contre quoi elle luttait chaque matin pour se rendre au travail. Puis 9 mois après, après trente heures de travail, donc trente heures passées sans repos, je l’ai vue donner naissance à notre fils. Par la suite, je l’ai vue se réveiller toutes les deux heures, malgré la fatigue et la douleur, pour lui donner le sein.
Moi le père, je ne pouvais que prendre en charge toutes les tâches ménagères. Faire en sorte que ma femme ne manque de rien et ne pense à rien d’autres qu’à notre fils. Une tâche que j’ai faite avec joie, pendant onze jours. Oui, onze jours. Comme si mon fils allait arrêter de pleurer après onze jours. Comme s’il allait, comme par miracle, arrêter de réclamer le sein toutes les deux heures. Comme si pendant ces onze jours de congés, qui prennent en compte les week-end, ma femme avait eu le temps de se reposer.
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Le jour qui suivi la fin de mon congé paternité, je me rendis au travail après avoir embrassé ma femme, la laissant seule s’occuper de notre fils, les yeux fatigués. Normal, elle n’avait pas vraiment dormi la nuit d’avant, le jour d’avant, et les nuits et les jours qui précédaient. Oui, j’aurais pu poser un congé parental mais où aurais-je trouvé l’argent pour m’occuper de ma famille, la loger, la nourrir ? Je n’ai pas cette chance d’avoir un parent député qui m’aurait promu assistant parlementaire.
Ces fameux onze jours, pour moi ne font pas du bien à l’égalité des sexes. Ils sont inégalitaires, non pas contre les hommes, même si ça serait une joie de rester plus longtemps profiter de son nouveau-né, mais contre les femmes qui sont livrées à elles-mêmes. Ils sont inégalitaires car la femme qui découvre comment s’occuper de son bébé, qui ne sait pas toujours pourquoi il pleure, doit pouvoir penser à elle ne serait-ce que pour pouvoir se nourrir. Elle doit aussi s’inquiéter de la poussière qui envahit sa maison, car le soir, le père ne peut, par esprit de bon voisinage, après les deux heures passées dans le métro, mettre en marche l’aspirateur.
Bref, peu importe la bonne organisation, ces premiers mois en tant que nouvelle mère sont dures pour une femme seule, qui n’a pas la chance d’avoir une sœur, un frère ou un(e) amie au chômage, une mère ou un père à la retraite et en bonne santé, pour l’assister. Encore plus dur quand on ne donne que « onze jours » à son mari pour l’aider.
Il est étrange, qu’on en soit encore là, en 2017, pour les droits des femmes dans une société qui se dit leader du droit des Hommes.
Yves Bada.
Photo de couverture de Papaonline
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