J’aurais honte de ne pas leur avoir fait comprendre que Louis-Gustave Binger n’est pas un héros, que Gabriel Angoulvant a probablement fait tuer leurs arrières grands parents, que Samory Touré n’est pas un délinquant, que Béhanzin n’est pas un poltron , que Lumumba était un panafricaniste, que Sankara était un visionnaire et que Sékou Touré et sa Guinée savaient ce qu’était une véritable indépendance.
Si j’étais politicien en Côte d’Ivoire, si j’avais occupé de postes à responsabilités dans ce pays j’aurais honte. Honte de n’avoir rien fait pour faire évoluer les choses.
Moi politicien ivoirien, j’aurais honte de voir des femmes enceintes perdre la vie faute d’assistance médicale adéquate.
Moi politicien ivoirien j’aurais honte de voir mes compatriotes privés d’un système sanitaire de qualité. Honte de ce système qui n’offre pas la santé aux plus démunis. Moi politicien ivoirien j’aurais honte du déclin de mon système éducatif. Moi politicien ivoirien j’aurais honte de ne pas avoir transmis aux nouvelles générations l’envie d’apprendre l’histoire de leur pays, l’histoire de l’Afrique et de ses héros. Ces jeunes générations auraient peut être apprécié à leur juste valeur leurs combats et leurs sacrifices. J’aurais honte de ne pas avoir permis à cette nouvelle génération de se libérer des chaînes de la colonisation et du complexe d’infériorité qui en a découlé. J’aurais honte de ne pas leur avoir fait comprendre que Louis-Gustave Binger n’est pas un héros, que Gabriel Angoulvant a probablement fait tuer leurs arrières grands parents, que Samory Touré n’est pas un délinquant, que Béhanzin n’est pas un poltron , que Lumumba était un panafricaniste, que Sankara était un visionnaire et que Sékou Touré et sa Guinée savaient ce qu’était une véritable indépendance.
Moi politicien en Côte d’Ivoire j’aurais honte de ne pas avoir participé à l’émergence d’un électorat mature qui privilégie les idées plutôt que l’appartenance ethnique pour le choix d’un candidat .
Moi politicien en Côte d’Ivoire, j’aurais honte de n’avoir rien fait pour empêcher les conflits électoraux et les nombreux morts. Moi politicien en Côte d’Ivoire j’aurais honte de ne penser qu’à mes intérêts personnels au détriment de l’intérêt général.
Moi politicien ivoirien, j’aurais honte d’avoir cautionné Décembre 99, Septembre 2002, Avril 2011. Honte de ne pas avoir pris le parti de la République lors du coup d’état de Robert Guéi. Honte de ne pas avoir soutenu la seconde République lors de la tentative de coup d’état de Soro et ses thuriféraires. Honte d’avoir cautionné le gag de « la République aux deux présidents en Avril 2011 ».
Moi politicien ivoirien , j’aurais honte de m’enorgueillir des chiffres de la croissance économique en sachant pertinemment que le ruissellement de la croissance du haut vers le bas n’est qu’utopie. Moi politicien ivoirien j’aurais honte des discours de rodomont en sachant pertinemment que la situation est alarmante, que mon peuple n’a pas accès aux services sociaux de base.
Moi politicien ivoirien, j’aurais honte d’avoir cautionné, tenu des discours de haine, de tribalisme et de divisions à des fins électoralistes .
Moi politicien ivoirien j’aurais honte de bafouer, mépriser les institutions et les valeurs républicaines. Nos démocraties ne seront respectées que lorsque leurs institutions, leurs constitutions primeront sur les intérêts personnels . Il appartiendra en grande partie au peuple de rappeler à ses dirigeants qu’ils ne sont que leurs représentants. Il est grand temps de sortir de cette déification des politiques.
Moi politicien ivoirien, j’aurais honte de ne pas avoir réussi à créer une société dans laquelle la politique n’est pas un sujet tabou. Honte de ne pas avoir défendu la liberté d’expression. Cette liberté d’expression qui aurait pu faire naître une génération adepte du combat d’idées et non du combat armé.
Je ne suis certes pas un politicien reconnu mais je peux vous assurer que moi Eric GNALLA, fils de la Côte d’Ivoire, j’ai honte de cette réalité. J’ai honte de ne pas en faire suffisamment pour régler les tares de la société ivoirienne. J’ai honte de ne pas avoir le courage de Nelson Mandela. J’ai honte de m’être tu face à certaines injustices. J’ai honte de ne pas être encore le leader que mérite mon pays.
J’ai honte pour ces personnes qui sont des paroissiens de partis politiques avant d’être des ivoiriens, faisant partie de la nation ivoirienne. J’ai honte pour ces personnes qui font du suivisme moutonnier, adeptes de la politique spectacle, folklorique qui seraient prêts à voter un dauphin qui jongle avec un ballon.
ERIC GNALLA
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