LA TERREUR DU SILENCE

La terreur, la montée originelle de la terreur.

Appelé ex abrupto par les plaintes naissantes de ma mère patrie que l’on abreuve de force de son sang, du rouge de ses propres enfants, je viens, révolté, mais sage, écrire à tous, et peut-être à la postérité, si mes écrits deviennent suffisamment nobles, un jour, pour traverser l’ennui des longues lectures, l’oubli du temps et le temps de l’oubli dû au temps, pour que la tragédie que l’on se force à découvrir en chœur s’arrête à jamais.

A posteriori, la partisanerie est à son paroxysme, au point où, les cervelles et les langues déliées ont perdu la raison d’avoir raison. Chacun défend ses intérêts, en tout genre, jusqu’au zèle de la folie ! De facto, la vérité a disparu, elle s’est envolée. Or, la vérité c’est surtout l’essence de la paix.
Cependant, face aux faits, on oppose ce pseudo rationalisme qui est à la hauteur de celui qui refuse l’incrimination de son camp. Les faits sont alors tuméfiés puis triturés, avant d’être remodelés selon les préférences de X ou de Y. C’est à cette allure que tous sont des anges, et très peu sont des démons. Mais tous oublient vite ce que la part de démon aura causé comme drame national, et arbore de grandes ailes blanches pour qu’on les voit de milles lieux. Mais la basse besogne n’a jamais été invisible, surtout lorsqu’il y a mort d’êtres humains.

Il existe cette bataille de la volonté de domination d’une vérité  sur une autre, supprimant la véritable vérité celle qui selon la chronologie et la source des faits détermine ce qui est juste de ce qui est injuste. C’est ainsi que nous avons plongé le pays dans l’obscurantisme de la raison, dans les abysses des prémices de la terreur. Cette terreur qui dans un silence coupable a crescendo monté les marches du temps de la société ivoirienne, y déposant à chaque étage de quoi servir aux horreurs de demain, celles qui s’apprêtent à l’instant où je vous écris.

« La paix n’est pas un vain mot, c’est un comportement. » Félix HOUPHOUET-BOIGNY

Le silence, ce profond silence d’inaction.

Nous avons laissé faire les choses, les uns ont renié avec des mots et des gestes les blessures profondes et mal ensevelies, tandis que les blessés ont choisi un camp. Les uns le pouvoir politique naissant, les autres, l’espoir d’une vengeance à venir, murée dans des murmures d’une justice divine à attendre. Voilà comment l’on divise les esprits, un jour, et que l’on engraisse le mal qui doit sévir, le jour suivant.

La terreur, la montée progressive de la terreur.

L’on comprend aisément le silence, et surtout le silence de l’inaction. La peur de dire ce que l’on pense, voire, ce que l’on doit réellement penser ; voici l’avènement muet de la pensée unique, la terreur de lui résister, l’effroi des menaces, l’atrocité des représailles. Stricto sensu ! La mort fait peur, c’est une évidence ineffable.
 
La terreur, la montée en puissance de la terreur.

Incognito, violemment frappée par une machette, la victime à une entaille profonde au crâne. L’autre a un bras sectionné sur lequel la main, scindée en deux, pendouille, laissant apercevoir la chair brute et toute rouge, les os et les nerfs. Sur le pied droit, un autre porte une petite entaille apparente qui laisse deviner l’os ; le coup a été acerbe. Le corps sans vie d’un vieillard, devant sa porte, rappelle le fantastique macabre de la mort. Dans la fureur d’une nuit de revendication, le tee-shirt en sang, dans la pénombre, il tente de héler un taxi après avoir été violemment pris à partie par des ‘’microbes’, à la vue de tous, et sans grand besoin de microscope.

La terreur est un état d’horreur dans lequel rien ne lui résiste.  Et, personne, aucune âme des plus saines ne souhaiterait évoluer dans un climat de terreur. La terreur n’a ni maître, ni limite, ni raison.

Quel spectacle désolant ! Doit s’écrier le grand architecte. La terreur n’a que l’audace de la vigueur de l’imagination troublée de l’Homme.

Et encore une fois, par qui le mal sera ? Sans aucun doute, par ces jeunes, qui par le silence d’inaction de la société et de ses dirigeants, depuis des décennies, ont côtoyés tout ce qu’il y a de plus désordonné. Elle est là, cette jeune génération sacrifiée, la voici, perdue aux abords des carrefours de la refondation et de l’émergence, dans laquelle il faut regarder à la majorité, et non à la minorité, afin de saisir le danger présent et à venir. Les enfants soldats sont devenus des ‘’Hommes’’. En effet, il y a plus d’une décennie, la guerre ouvrait les yeux d’un peuple et de sa progéniture sur une autre galaxie. Un univers violent dans lequel l’école ivoirienne et les fondements de la société ivoirienne ont rendu l’âme. Quant aux valeurs, aux mœurs, elles n’ont pas résisté à la persistance de cette volonté à les exterminer. Les graines sont sorties du sol, de ce nouvel univers, de cette nouvelle terre. Violence, corruption des esprits, culture du mensonges, incivisme, mauvais exemple de leadership, et la poursuite du gain facile à tout prix, Et caetera, ont pris le dessus. Perturbées, elles ont germé en s’inventant leur propre ‘’monde mondial’’ dans lequel elles vivotent, sans identité réelle. Parmi ces graines, il y a celles pour qui la violence est une façon de survivre et de s’affirmer ; celles pour qui faire don de sa chair pour des deniers est à la fois source de survie mais aussi d’affirmation, celles qui tentent de se créer une identité préfabriquée selon des rêves incompatibles à leur écosystème socio-économique ; et ces graines qui découvrent avec stupéfaction que leurs capacités à être utile pour la société vaut bien peu face à tout ce qu’il y a de plus vil, de plus léger et de plus inutile ! Mais à qui la faute ? A celui qui se douchait ou à l’ancien conseiller du Prince ? S’ils ne furent pas le premier exemple dans cette société égarée, leur rôle est d’actualité.

Le silence d’inaction. Entre indifférence partisane et indignation sélective.

La terreur, la montée inexorable de la terreur.

« Si vis pacem, para bellum », à qui veut la paix prépare la guerre dit-on, sic, à qui veut la guerre prépare certainement la paix. Faites attention aux chantres de la paix qui se rechignent à dire la vérité. Dans la gestion d’un Etat et d’une nation qui tente de naître, il faut dire et faire ce qui est juste. Ce qui est juste c’est la Constitution, l’ultime vérité, que se doit de se donner légitimement tout un peuple. Cette Constitution ne peut être sujette à la volonté d’un seul individu. Elle se doit d’être la volonté singulière de l’intérêt général. Ne permettez pas à un individu de travestir tout un territoire donné en lui offrant des clés dont il aura du mal à se départir et que vous, nous, le peuple, aurez du mal à récupérer. Assurez-vous, assurons-nous de mettre des institutions au-dessus des hommes, et non des hommes au-dessus des institutions. Si un homme s’érige en presque divinité, ne tardez pas à lui rappeler sa simple condition humaine, comme vous, comme nous, comme celui qui écrits ces lignes. S’il trépasse les directives constitutionnelles arrachez lui le pouvoir des mains. C’est un traitre à la Nation qui dans ses rêveries ne rencontre que ses intérêts, et les intérêts de ceux qui seront prêts à transgresser comme lui.

La terreur et le silence de la misère intellectuelle nourrissent les mendiants, ceux qui défendent leurs pitances aux détriments de ce qui est juste pour la patrie. Tout le monde veut le paradis, personne ne veut se plier à ses exigences.

Le silence du calme, la chute de la terreur.

Il nous faut révolutionner notre mentalité et placer l’intérêt général au-dessus de l’intérêt individuel, afin de mieux impacter ce dernier. L’inverse a déjà fait ses preuves, c’est un échec total.

In fine, tout manque au triomphe de la Nation. Il est temps d’y remédier.

Arnaud Blé-Debuc

Enfant de la Côte d’ivoire, aspirant à un nouvel et meilleur horizon. 20 Octobre 2020

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