« Le drame de l’Afrique c’est que l’africain n’est pas assez rentré dans l’histoire ».
J’avais 23 ans quand je lisais, avec colère, cet extrait du discours à Dakar de Nicolas Sarkozy. Au vu des commentaires sur les réseaux et les articles de presse, je pouvais déduire que je n’étais pas le seul africain d’origine à percevoir ce discours comme du mépris.
Puis, j’ai décidé de faire un bilan de mes connaissances sur l’histoire africaine. Je me suis donné le défi de citer 10 personnages historiques africains. Je bloquais au quatrième. Pourtant, je le faisais facilement avec des personnages européens. J’appelais des amis pour leur demander de faire cet exercice. Pareil ! ils avaient eux aussi du mal. Alors, peut-on en vouloir à Sarkozy, président européen, ayant vécu toute sa vie en Europe, d’avoir pensé cela, quand nous-mêmes africains ignorons tout de notre passé ? Combien d’africains croient que l’histoire de leur continent ne se limite qu’à l’esclavage et à la colonisation ?
Alors là, ce fut un choc. Non, je ne pouvais pas l’accepter. Wikipédia, Google, Nofimedia… il fallait que je trouve des grands hommes et femmes qui avaient marqué l’Afrique. Il ne m’en fallu pas longtemps pour en trouver. Je tombais des nus : l’africain a changé le monde. Il l’a aussi façonné. Socrate lui-même le disait.
En lisant, j’ai détesté CES ancêtres qui avaient brûlé, pour après nier, les traces des prouesses qu’avaient réalisés NOS ancêtres. Puis, je me suis dit que la faute n’était pas la leur, mais elle était nôtre. Nous avons été instruits dans l’ignorance, par des gouvernants qui préfèrent nous maintenir dans cette ignorance. Il m’a fallu attendre 23 ans pour éliminer ces complexes qu’avait nourri le système éducatif de mon pays d’origine.
Depuis ce jour, je ne dis plus « Blanc est fort dèh ». Je dis maintenant que « l’homme, peu importe sa couleur de peau, est capable des plus grandes prouesses ».
Je ne dis plus « Blanc est trop mauvais » car après avoir lu la réelle histoire de l’esclavage et appris sur les trahisons de la colonisation, je me suis rendu compte que « l’homme, peu importe sa couleur, est aussi capable des pires choses »
Non, Monsieur Sarkozy, comme moi, sortez de votre ignorance. L’africain n’a pas à rentrer dans l’histoire car il y est déjà. Cependant, je vous l’accorde, il doit regagner sa grandeur d’antan.
A la naissance de mon fils, je pensais : va-t-il se poser ces mêmes questions que moi ? Va-t-il, comme bien d’autres enfants d’origine africaine, avoir honte de son passé ? Comment l’aider ?
Je me suis donc rappelé que grandir sans se connaître, c’est grandir avec des complexes. Voici donc la raison qui m’a poussé dans cette aventure, celle d’écrire sur les grands hommes et femmes qui ont marqué le continent africain et influencé le monde.
Commencer par Samory allait de soi. Enfant, je l’ai détesté. Il était sanguinaire, me disait mon prof d’histoire. Pourtant, ce même prof nous parlait, admiration se lisant dans ses yeux, d’Alexandre le grand, Napoléon Bonaparte qui eux aussi étaient des sanguinaires. Quel monarque ne l’a pas été ?
Participer à l’écriture de ce livre est ma manière de rendre hommage à ce grand homme.
Ce livre n’est pas un livre pour africain. Il a été écrit sur un personnage africain, pour être lu par les enfants du monde entier ; comme moi, qui ai lu sur Arthur, Charlemagne, Napoléon, Khan et j’en passe. Il est écrit pour eux, car, grandir sans connaître les autres, c’est aussi grandir avec des complexes (l’esprit fermé).
Je suis fier de vous présenter le livre que j’ai co-écrit: Samory, la naissance d’un roi
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