Depuis Maintenant 3 ans, depuis la dernière élection présidentielle, votre pays le Gabon est entrée dans un cycle de contestation et de fracture entre gabonais et surtout entre une partie du peuple Gabonais et le Gouvernement du Président Ali Bongo Ondimba.
Nous suivons avec beaucoup d’attention les commémorations qui se préparent en France et surtout au Gabon.
Gregory Tankes, vous qui faite partie de la résistance aux cotés d’une partie du peuple Gabonais derrière Jean Ping, pouvez vous nous dire pourquoi n’avez vous pas tourné cette page de l’histoire du Gabon ? N’est-il pas temps ?
GT : Écoutez dans toute l’histoire du Gabon et de l’Afrique d’ailleurs, nous avons dû faire face à des troubles et à des violences en périodes électorales. Néanmoins, nous n’avons jamais été confrontés à des actes d’une telle violence s’étalant sur plusieurs mois , voire plusieurs années et avec autant de pertes en vies humaines. Il est donc tout à fait normale pour nous d’honorer nos frères et sœurs, mais aussi nos pères et nos mères.
Il s’agit d’un moment d’émotions intenses, de recueillement et de communion nationale.
À l’image des gilets jaunes en France, les gabonais réclamaient et réclament la justice simplement. Quant à savoir s’il n’est pas temps de passer à autres choses, j’ai envie de vous dire oui, mais à certaines conditions, que vous connaissez déjà.
Les tenant du pouvoir exécutif au Gabon prétendent que tout va bien, qu’en pensez vous ?
GT : Je suis actuellement en France. Même dans ce pays, que l’on pourrait difficilement comparer au Gabon, mais qui est quand même à jour avec son temps, aucun politique ne se risquerait à prétendre que tout va bien.
Aucun pays du monde n’est parfait, mais chacun tente de progresser avec les moyens qui sont les siens. Pour le Gabon, jusqu’à présent nous n’avons pas vu de progression et c’est ce pourquoi nous nous indignons chaque jour.
Certains acteurs de la société civile et d’associations au Gabon réclament une expertise médicale du président Ali Bongo Ondimba, certains prétendent même qu’il faudrait organiser une grande manifestation, surement à l’image des gilets jaunes en France que vous citiez plus tôt pour prendre le pouvoir, qu’en pensez vous ?
GT : pour ma part et je pense que cela se fait dans toutes les démocraties, lorsque l’on doute des capacités d’un homme à assumer ses responsabilités, les acteurs de la société civile peuvent réclamer une expertise faite par des professionnels de la santé. Ça n’a rien de sorcier.
D’autres parts, je ne pense pas que la prise de pouvoir, puisse se faire par la force au cours d’une manifestation. La prise de pouvoir doit se faire dans la légalité la plus totale, afin que le président puisse démarrer son mandat sous les meilleurs hospices.
Personnes n’a intérêt à faire couler le sang une fois de plus et je pense que personnes ne le veut vraiment.
Vous dites donc, que vous aspirez à une prise de pouvoir en accord avec les textes de loi ?
GT : Bien entendu que oui et c’est pour cela que nous résistons avec le président élu, Jean Ping. Jean Ping est un diplomate qui croit en la justice internationale et qui fait bouger ces lignes tout en restant dans la légalité. Nous devons continuer avec lui à rester près des institutions internationales, à les informer quand cela s’impose de la situation plus que préoccupante de notre mère patrie et suivre les procédures, vers lesquelles nous sommes dirigées.
Nous ne sommes pas très nombreux et un affrontement ne pourra se faire car le peuple ne suivra pas et cela ne sera bénéfique à aucun gabonais. Ensuite cela créera un boulevard encore plus grand pour les ennemis de la nation, qui paradent ici et là en faisant croire qu’ils ou qu’elles luttent pour le Gabon. Le peuple qui a déjà payé un lourd tribut, n’en sortira jamais gagnant.
Pensez-vous, que tous les résistants pensent comme vous ?
GT : Il faut d’abord comprendre que les résistants ne sont pas les ennemis du Gabon.
Nous ne sommes pas nés résistants mais le sommes devenus, par la force des choses.
Chaque résistant, fait ce qui lui semble juste et bon pour permettre au Gabon de se relever en s’appuyant sur de nouvelles valeurs, la première étant la liberté de vivre dignement et de penser librement. Je suis personnellement très attaché à cette dernière.
Nous avons donc tous le droit d’avoir une vision et des opinions divergentes, c’est là, la première marche vers la démocratie. D’ailleurs dans toute société, la contestation est finalement saine.
Que pensez-vous que Jean Ping devrait faire ?
GT : Ce n’est pas à moi de dire au président ce qu’il a à faire, je n’ai ni la compétence, ni l’expérience, ni le recule nécessaire, pour prétendre à de telles choses.
Par contre je suis convaincu qu’il sait parfaitement ce qu’il doit faire et je pense qu’il le fait.
Nous vous avions demandé dans une autre interview, si jean Ping était un homme fort ? Avec le recule êtes vous toujours du même avis, quand on voit que certains de ces portes paroles ne parlent plus de lui ou en son nom ?
GT : Le Président Jean Ping est un être humain, avec ses forces et ses faiblesses, il a donc peut-être misé ou fait confiance à des gens qui ne méritaient pas cette confiance, comme ils ou elles ne méritent pas celle des gabonais, je peux vous le concéder.
Néanmoins, je reste convaincu qu’il est l’homme de la situation et qu’il restera un grand homme, qui sait privilégier le voix de la diplomatie et du droit plutôt que de céder à son ego et entrainer les gabonais vers la voie qui le fera subir encore une fois, la répression violente.
Un des plus grand talent du Président Jean Ping est sa capacité à ne pas céder à la panique et à garder la tête froide.
Pensez vous que les choses changeront au Gabon, très prochainement ?
GT : Oui, je le pense et d’ailleurs le niveau de résilience du peuple Gabonais reste et j’y crois, incomparable !
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