Je me suis toujours demandé pourquoi on ne traitait pas le racisme de la même manière. Et si on apprenait à tout condamner sans ne rien banaliser ?
Dans certains pays, quand une minorité se plaint de subir le racisme, on entend certains jacter : « encore vous… toujours à vous plaindre ». Oui, certains ont cette fameuse tendance à se victimiser, à expliquer leurs échecs par le rejet fictif ou réel des autres. Mais est-ce juste pour autant de fermer les yeux sur le racisme… le racisme dans son ensemble ?
De loin, j’observe l’Occident. Je m’offusque de voir la banalisation de la négro-phobie, la justification de l’islamophobie. Je reste juste satisfait qu’il y ait au moins une indignation nationale et commune quand il s’agit de l’antisémitisme.
Le problème est que tout ce qui est sélectif, que ce soit la justice ou l’indignation, a tendance à détruire la cohésion sociale par la frustration que cela engendre.
Et, je m’étonne que nos leaders et nos chers médias l’ignorent.
La communauté juive inspire à certains une fascination, une grande admiration. J’entends beaucoup de personnes de couleur noire prendre cette communauté en exemple. « Ces personnes viennent de loin comme nous. Elles ont vécu comme nous la ségrégation et les plus grandes cruautés des hommes. Mais aujourd’hui elles sont fortes, soudées. » On peut penser comme ça, avoir un profond respect pour la communauté juive mais tomber des nues quand un certain Premier ministre nous parle de la Shoah comme étant le plus grand et même souvent l’unique désastre subi par un peuple. Des sorties des politiciens qui créent des polémiques futiles, idiotes et inutiles.
Non, il n’est pas juste de hiérarchiser la douleur. Pourquoi comparer l’esclavage à la Shoah si ce n’est que pour diviser les minorités ? Si ce n’est pour diviser les descendances des victimes ; victimes qui je le rappelle ont eu les mêmes bourreaux. C’est un mépris, un énorme manque de respect pour les victimes de ces cruautés. Il faut avoir de la considération, du respect pour la douleur et la mort de ceux qui ont vécu l’esclavage et la shoah. Il faut respecter leur mémoire. Respecter la peine de leurs familles et descendances.
J’observe la virulence avec laquelle est traité le « problème » musulman en Europe. Je vois l’énervement que suscite le port du voile ; non pas la burqa mais le simple voile.
Une femme ne devrait pas porter le voile car cela est un signe religieux. Dans la Bible, la Torah ou le Coran, quel est ce verset qui parle du voile comme étant un symbole religieux ? Et dans ce cas, pourquoi interdire le voile chez certains et accepter la kippa chez d’autres ? Vous direz « ce n’est pas pareil » n’est-ce pas ? On a l’habitude de cette phrase qui n’explique rien mais justifie tout.
Les gens vivent ces éléments comme de l’injustice, comme une justice à deux vitesses. Cette indignation que nos politiciens et nos médias préfèrent sélective crée de la frustration.
Et la frustration est toujours néfaste pour un pays car elle est mère de la haine. La haine est toujours dangereuse pour un pays car elle est mère de la radicalisation.
Vous le savez, pourquoi faites-vous mine de l’ignorer ?
Il est bien beau de condamner les imams des mosquées dites salafistes. Il est bien beau de condamner Dieudonné et Alain Soral. Mais à quel moment vous vous mettrez vous-même en question ? A quel moment vous direz-vous que peut-être vous participez à cette radicalisation ? A cette haine ? Quand vous rendrez-vous compte que vous êtes aussi coupable de ce sang versé ? De ces kidnappings ? De ces profanations de cimetières ?
On est dans un pays dans lequel l’on règle les frustrations sociales à coup de « Ouais c’est ça. Ce n’est jamais votre faute, c’est toujours celles des autres ». Peut-être est-ce aux leaders d’opinion de faire comprendre à la France que nous sommes tous responsables de tout ce qui se passe en France :
les parents quand ils abandonnent, l’école quand elle n’éduque pas, les jeunes quand ils dévient, les médias quand ils désinforment et les politiciens quand ils cristallisent les haines.
Les actes antisémites augmentent d’une année sur l’autre. Mais comme à vos habitudes, vous traitez les symptômes, jamais les maladies. Comme à vos habitudes, vous recherchez toujours les responsabilités là où elles ne sont pas ou à moitié.
Négrophobie, homophobie, islamophobie, antisémitisme, misogynie, misandrie (par la dictature de la pensée) …
la discrimination prend plusieurs noms, mais elle a les mêmes effets. En accepter une, c’est les accepter toutes.
Je reste déçu de voir les associations de lutte contre la négrophobie silencieuse quand souffre les juifs. Déçu de voir regarder ailleurs la LICRA quand souffre les autres et vice-versa.
La discrimination prend divers noms mais nous concerne tous. Il n’y a pas meilleur moyen de lutter contre elle quand on est tous unis.
Yves Bada